Globe céleste de cabinet
Bien SAN
SAN-003266
Les instruments médiévaux et de la Renaissance (jusqu’au 17e siècle), utilisés pour l’observation astronomique et la mesure du temps, étaient relativement peu nombreux et leur précision limitée. Les positions des étoiles étaient déterminées notamment par les sphères armillaires et le turquet (appelé aussi torquetum). Les almanachs et les tables astronomiques fournissaient les coordonnées des planètes.
L’astrolabe, le quadrant, la saphea et les cadrans solaires servaient pour établir la date et l’heure. Le nocturlabe était mis en œuvre pour déterminer l’heure nocturne. De nombreux instruments étaient illustrés par les signes astrologiques, l’astrologie étant encore souvent indissociable de l’astronomie. Accessoirement, on peut ajouter aux instruments précédents les clepsydres et autres sabliers qui permettaient la découpe du temps. Il sort du cadre du présent article de décrire tous ces instruments en détail. Nous nous limiterons ici à donner des informations succinctes au sujet des sphères célestes et des cadrans solaires, dont certains exemplaires sont montrés dans la présente exposition.
Évoquée déjà par Ptolémée dans son ouvrage célèbre intitulé l’Almageste ou Grande Syntaxe, la sphère céleste trouve sans doute son origine dans le monde grec antique. Plusieurs noms ont été suggérés pour son invention comme Anaximandre de Milet (6e siècle av. J.-C.), Eudoxe de Cnide (4e siècle av. J.-C.) voire Archimède (3e siècle av. J.-C.). Il s’agit d’une sphère imaginaire dont le centre est occupé par la Terre et sur laquelle on représente tous les astres visibles depuis cette dernière. Il faut savoir que la cosmologie grecque était basée sur un modèle de sphères géocentriques incluant notamment la sphère des fixes sur laquelle se trouvaient les étoiles lointaines. Pendant l’Antiquité et le Moyen Âge, les étoiles étaient supposées équidistantes de la Terre et la sphère céleste était considérée comme une représentation satisfaisante de l’univers. Dans le modèle de l’époque, la Terre était supposée immobile et c’est la sphère des fixes qui tournait autour de notre planète. L’axe de rotation passait par les pôles géographiques et ses intersections avec la sphère céleste déterminaient la position des pôles célestes, le pôle nord coïncidant approximativement avec l’étoile polaire (α Ursae Minoris).
On fabriqua des sphères célestes dans le monde arabe puis dans le monde occidental. Certains de ces globes sont restés célèbres. Le globe de Schissler (conservé au Palacio Nacional de Sintra, Portugal) a été réalisé en laiton, à Augsbourg en 1575, par Christoph Schissler le Vieux (1531-1608). Les globes du cartographe hollandais Willem Janszoon Blaeu (1571-1638) ont été créés dans la première moitié du 17e siècle sur la base du catalogue d’étoiles du célèbre astronome danois Tycho Brahe. Un de ces globes est conservé à la Bibliothèque royale de Belgique. Les globes (céleste et terrestre) dits de Coronelli, qui sont des pièces monumentales (4 mètres de diamètre environ) pesant plusieurs tonnes, ont été financés par le cardinal d’Estrée et construits entre 1681 et 1683 par Vincenzo Coronelli (1650-1718) pour être offerts à Louis XIV. Le globe céleste représente l’état du ciel à la naissance de ce roi. Il compte 1880 étoiles, réparties en 72 constellations et représentées par des clous dorés. Le globe terrestre matérialise l’état des connaissances géographiques (Asie, Afrique, Amérique) pendant la décennie 1670-1680. Destinés au château de Versailles, ils furent finalement installés à Marly en 1703 et portent de ce fait le nom de « globes de Marly ».
La gnomonique est l’art de construire les cadrans solaires. Ceux-ci sont constitués par une surface comportant des divisions qui correspondent aux heures diurnes sur lesquelles le Soleil projette successivement l’ombre d’un style. Dans son mouvement diurne apparent, le Soleil traverse successivement les plans de 24 demi-méridiens distants de 15° et dont l’un passe par le lieu d’observation. Lorsque le Soleil franchit le demi-méridien de ce dernier, il est midi vrai en ce lieu. Le Soleil se retrouvera dans le plan de ce demi-méridien après 24 heures. Une tige rectiligne est placée dans la direction de l’axe du monde et, si l’on trace sur un plan perpendiculaire à cette tige les marques des 24 méridiens, on obtient des lignes horaires sur lesquelles se projette l’ombre du style aux différentes heures de la journée. Selon la date considérée, pour une heure fixée, la longueur de l’ombre et sa direction sont variables. Cette variabilité est directement reliée à la variation annuelle de la déclinaison solaire.
Si le plan du cadran est parallèle à l’équateur, on obtient un cadran solaire équatorial ou équinoxial (cadrans relativement peu usités). Si le plan du cadran est parallèle à l’horizon du lieu et le style dirigé suivant l’axe du monde, le cadran sera dit horizontal ou universel. Si les divisions horaires, obtenues par des calculs adéquats, sont tracées sur un plan vertical perpendiculaire au plan du méridien du lieu, le cadran solaire sera dit vertical. Le cadran est qualifié de déclinant lorsqu’il est établi sur un plan vertical non perpendiculaire au plan du méridien. Dans ce cas, les divisions horaires ne sont plus symétriques et le style (toujours dirigé suivant l’axe du monde) est oblique par rapport au plan du cadran.
Les cadrans solaires sont connus depuis des temps immémoriaux. Ils furent en usage dans la Chine ancienne et Hérodote, dans un écrit daté de 430 av. J.-C., prétendait que les Babyloniens les avaient fait connaître aux Grecs. Des obélisques de l’Égypte ancienne ont servi de styles à des cadrans solaires primitifs. Certains furent ramenés à Rome par des empereurs romains : l’un d’entre eux orne encore la place de Montecitorio. Ce gnomon servait à indiquer l’heure. Le jour où l’ombre était la plus longue à midi correspondait au solstice d’hiver et où elle apparaissait la plus courte indiquait le solstice d’été. Un autre obélisque, ramené de Louxor (Égypte), orne la place de la Concorde à Paris depuis 1833 (règne de Louis-Philippe). De l’Antiquité grecque, on a conservé différents cadrans solaires dont notamment celui vertical de la tour des Vents à Athènes. Un des premiers cadrans solaires grecs serait dû à Anaximandre. Les Grecs fabriquèrent des cadrans solaires hémisphériques (scaphé) ou plans, qu’ils fussent horizontaux ou verticaux.
Dans l’Occident chrétien, un des cadrans solaires les plus anciens aurait appartenu à l’archevêque Alphège (env. 953-1012) assassiné par les Vikings. Il s’agit d’une plaque en ivoire utilisée comme cadran vertical et découverte dans un cloître de Cantorbéry en Grande-Bretagne. Les cadrans solaires anciens étaient basés sur la variation de la hauteur du Soleil au cours du temps et portaient de ce fait le nom de cadrans de hauteur ou altimétriques. Les montres de berger, en usage depuis le 16e siècle, étaient basées sur le même principe. Constituées de cadrans cylindriques munis d’un style rabattable pour le transport, elles fournissaient une heure approximative. Il suffisait de placer le cadran vertical et d’observer l’ombre portée par le style amené au préalable à la position correspondant au jour considéré. Faisant appel à la direction du Soleil, on voit apparaître par la suite les cadrans solaires dits de direction. Entre les 10e et 15e siècles, on a construit de nombreux cadrans solaires fixes sur des clochers d’églises, des beffrois ou des tours diverses. Ils consistaient, la plupart du temps, en un demi-cercle tracé sur un mur vertical et, jusqu’au 12e siècle, divisé en quatre, six ou huit parties égales. Un cadran célèbre, daté du 12e siècle, est celui du portique sud de la cathédrale de Chartres orné d’un ange en pierre.
Depuis l’Antiquité, les observateurs du ciel, qu’ils soient astronomes ou non, ont visualisé les étoiles sur la voûte céleste sous la forme de divers astérismes. Les représentations d’animaux, voire de personnages légendaires et mythiques associés aux différentes civilisations, sont fréquentes. Une des plus anciennes descriptions systématiques des constellations se trouve dans les Phénomènes, un poème d’Aratos de Soles (3e siècle av. J.-C.), qui répertorie 43 constellations et désigne 5 étoiles. L’astronome grec Claude Ptolémée, dans son ouvrage l’Almageste, regroupa 1022 étoiles visibles dans le ciel d’Alexandrie en 48 constellations. Bien que ne couvrant pas la totalité de la sphère céleste, ce système constitua la référence pour les astronomes pendant de nombreux siècles. L’astronomie ne progressa guère en effet durant les treize siècles qui suivirent la parution de ce traité majeur qui fit l’objet de nombreux commentaires, notamment par Théon d’Alexandrie, mais qui ne subit que des corrections mineures. Dans son catalogue, Ptolémée distribue les étoiles en six classes selon leur magnitude et il répertorie notamment 15 étoiles brillantes (de magnitude 1). Ulugh Beg revit les positions des étoiles de Ptolémée mais son catalogue, élaboré de 1420 à 1437, ne fut imprimé qu’en 1665. Entretemps, les observations astronomiques européennes avaient fait de notables progrès.
Le bestiaire de Ptolémée incluait les animaux suivants : l’Aigle (Aquila) qui rappelle l’aigle de Zeus qui rôdait près de Prométhée enchaîné pour lui dévorer le foie ; le Grand Chien (Canis Major) : cette constellation de l’hémisphère austral située en bordure de la Voie lactée renferme quelques étoiles brillantes dont Sirius, l’étoile la plus brillante du ciel ; le Petit Chien (Canis Minor), situé dans l’hémisphère boréal entre l’équateur et les Gémeaux à proximité de la Voie lactée, contient Procyon ; le Centaure (Centaurus), une constellation riche en étoiles brillantes, dans laquelle les Grecs voyaient le Centaure Chiron transporté dans les cieux, et qui contient notamment Proxima Centauri, l’étoile la plus proche de la Terre ; la Baleine (Cetus), un groupe d’étoiles située au sud des constellations zodiacales du Bélier et des Poissons dont une étoile remarquable est la variable Mira ; le Corbeau (Corvus), une petite constellation australe au sud de la Vierge dont les étoiles les plus brillantes forment un quadrilatère ; le Cygne (Cygnus) une grande et brillante constellation, quelquefois appelée la Croix du Nord, qui rappelle la légende de Zeus déguisé en cygne pour séduire Leda ; le Dauphin (Delphinius), une constellation boréale au sud du Cygne qui compte une trentaine d’étoiles visibles à l’oeil nu et au nom de laquelle plusieurs légendes se rattachent ; le Dragon (Draco) renferme de nombreuses étoiles peu brillantes, sa tête étant matérialisée par quatre étoiles disposées en quadrilatère et son corps étant situé entre la Grande et la Petite Ourse ; le Petit Cheval (Equuleus) : une constellation mineure de l’hémisphère nord ; l’Hydre femelle (Hydra) : le groupe d’étoiles, le plus vaste du ciel, qui s’étend dans l’hémisphère boréal, au sud du Cancer, et dans l’hémisphère austral jusque la Balance ; elle est assimilée à l’Hydre de Lerne, un serpent monstrueux habitant les marais d’Argolide et tué par Hercule dans le cadre de ses douze travaux ; le Lièvre (Lepus) un astérisme austral situé au sud d’Orion dont l’étoile la plus brillante est Ameb ; Ophiucus : une constellation équatoriale enchevêtrée avec celle du Serpent (Serpens) et qui divise celle-ci en deux parties : la Tête du Serpent (Serpens Caput) et la Queue du Serpent (Serpens Cauda) ; le Poisson austral (Piscis Austrinus) : un astérisme au sud du Verseau contenant l’étoile Fomalhaut ; enfin les deux constellations bien connues de la Grande Ourse (Ursa Major) et de la Petite Ourse (Ursa Minor).
Les deux dernières constellations méritent une attention particulière. La Grande Ourse est circumpolaire et boréale. Ses sept étoiles brillantes définissent une figure caractéristique assimilée souvent à un chariot avec son timon. Elle est désignée aussi sous le nom de Grand Chariot, les étoiles α, β, γ et δ délimitant les contours de celui-ci et les étoiles ε, ζ et η dessinant le timon du véhicule. Les étoiles brillantes de la constellation de la Petite Ourse composent une figure assez semblable à celle de la Grande Ourse mais orientée différemment. L’étoile a est voisine du pôle nord céleste et porte, pour cette raison, le nom d’étoile polaire.
À la Grande et à la Petite Ourse est associée une légende originaire de la Grèce antique. Callisto, la fille du roi Lycaon, était liée à Artemis, la déesse de la chasse, par le serment de lui consacrer sa vie entière et partageait, avec les nymphes, les plaisirs de la chasse dans les forêts giboyeuses de la Grèce. Un jour, Zeus aperçut Callisto endormie dans la forêt et en tomba amoureux. Callisto résista peu à ses avances et perdit sa virginité, l’indispensable apanage des prêtresses d’Artémis. Lorsque les nymphes découvrirent son état, elles l’accablèrent de reproches et la bannirent. Quand Héra, l’épouse jalouse de Zeus, apprit que son mari avait engendré un fils, Arcas, avec Callisto, elle transforma cette dernière en une ourse condamnée à errer à jamais dans la forêt. Un jour, Callisto reconnut Arcas sous les traits d’un chasseur et, alors que ce dernier s’apprêtait à tuer sa mère, Zeus le transforma aussi en un ours. Pour protéger son éphémère maîtresse et son fils, Zeus les métamorphosa en étoiles qu’il plaça au ciel. Héra très fâchée obtint de Zeus que Callisto ne puisse plus se reposer et qu’elle soit contrainte d’errer en permanence dans le ciel, parmi les astres, sans jamais toucher l’horizon.
Jusqu’à la fin du 16e siècle, les cartes du ciel ne répertoriaient que les constellations mentionnées par Ptolémée dans l’Almageste. Grâce aux télescopes qu’il construisit, Tycho Brahe put mesurer avec précision la position de nombreux astres et une liste de 777 étoiles fut publiée, en 1602, dans l’ouvrage Astronomiae instauratae Progymnasmata.
C’est en 1603 que Johann Bayer (1572-1625) fait paraître à Augsbourg un atlas céleste en 51 planches, Uranometria, omnium asterismorum continens schemata, détaillant toutes les étoiles visibles à l’oeil nu, un recueil basé notamment sur la liste d’étoiles du Progymnasmata. Cet atlas contient, outre les constellations mentionnées par Ptolémée, douze nouvelles constellations de l’hémisphère austral (apparaissant sur la 49e planche) basées sur les relevés de deux navigateurs hollandais, Pieter Dirkszoon Keyser et Frederick de Houtman, ainsi que deux planches (les dernières) représentant les hémisphères boréal et austral. Les nouvelles constellations portent les noms suivants : le Caméléon, la Colombe, la Dorade (Espadon), la Grue, l’Hydre mâle, l’Indien, l’Oiseau de paradis, le Paon, le Phénix, le Poisson volant, le Toucan et le Triangle austral.
En 1624, un astronome allemand, Jakob Bartsch, introduit cinq nouvelles constellations. Seules la Licorne, la Girafe et la Croix du Sud nous sont restées. Trois ans plus tard, Julius Schiller publie le Coelum Stellatum Christianum, un atlas stellaire dans lequel il propose de redésigner les constellations d’après des personnages ou des événements bibliques. Cette tentative de « christianiser » le ciel échouera cependant. Des ajouts ultérieurs d’astérismes sont dus à l’astronome allemand Johannes Hevelius (1611-1687) (sept constellations, à savoir les Chiens de chasse, l’Écu de Sobieski, le Lézard, le Lynx, le Petit Lion, le Petit Renard et le Sextant) dans son ouvrage Uranographia (1687). 14 constellations australes supplémentaires seront proposées par l’abbé Nicolas-Louis de Lacaille (1713-1762) après son voyage au cap de Bonne-Espérance (1750) dans le traité Coelum australe stelliferum (publié en 1763, après sa mort), plusieurs constellations étant ajoutées afin de compléter les espaces du ciel encore vierges de toute dénomination. C’est le cas de la Boussole (Pyxis), du Burin (Caelum), du Compas (Circinus), du Fourneau (Fornax), de l’Horloge (Horologium), de la Machine pneumatique (Antlia), du Microscope (Microscopium), de l’Octant (Octans), du Peintre (Pictor), de la Règle (Norma), du Réticule (Reticulum), du Sculpteur (Sculptor), de la Table (Mensa) et du Télescope (Telescopium).
En 1729, l’Atlas Coelestis dû à John Flamsteed remplace celui de Bayer ; dans chaque constellation, les étoiles sont numérotées et sont classées par ascension droite croissante. La nomenclature de Flamsteed est encore utilisée pour les étoiles peu brillantes qui ne sont pas désignées par des lettres grecques. Une description très complète des étoiles du ciel visibles à l’œil nu se trouve dans l’Uranographia de Johann Elert Bode (1801). Dans cet ouvrage, la délimitation des constellations est affinée. Une contribution supplémentaire dans le même domaine sera l’œuvre de Friedrich W. A. Argelander qui publiera Uranometria Nova en 1843.
La liste définitive des 88 constellations telle qu’on la connaît actuellement a été établie en 1930 sous l’égide de l’Union astronomique internationale (IAU). Les délimitations des constellations sont désormais précisées sans ambiguïté, qu’elles soient petites comme le Petit Cheval (Equuleus) et la Croix du Sud (Crux) ou qu’elles soient dix fois plus étendues comme Pégase et le Centaure.
Il n’est pas inutile, pour notre propos, de rappeler ici la liste des constellations, en relation avec des astérismes animaliers, ajoutées depuis l’an 1600 environ. Celles-ci sont présentées dans le tableau récapitulatif de la page suivante. L’Oiseau de paradis apparaît, pour la première fois, sur un globe céleste de Petrus Plancius et Jodocus Hondius (Amsterdam, 1597-1598). On en retrouve aussi mention dans l’Uranometria de Johann Bayer en 1603. La Girafe, une constellation étendue mais peu lumineuse, est répertoriée dès 1624 par J. Bartsch. La constellation des Chiens de Chasse est mentionnée par J. Hevelius (1611-1687) dans son Atlas Firmamentum Sobiescianum sive Uranographia. L’étoile la plus lumineuse, α Canum Venaticorum, porte aussi le nom de Cor Caroli en l’honneur du roi Charles II d’Angleterre. Le Caméléon est situé à proximité du pôle sud alors que la Colombe est une petit groupe d’étoiles située au sud du Grand Chien et du Lièvre. Elle rappelle la colombe de l’arche de Noé. La Dorade est très peu lumineuse, ses étoiles ne dépassant pas la quatrième magnitude. L’objet le plus notable est le Grand Nuage de Magellan qui fut le siège de l’explosion de la supernova bien connue SN1987A. La Grue est située à proximité du Poisson austral et ne contient que peu d’étoiles visibles à l’œil nu. La dénomination du Lézard fut proposée par Johannes Hevelius car cette région du ciel, entre le Cygne et Andromède, était pauvre en étoiles brillantes. Son nom provient visiblement de la forme sinueuse délimitée par ses étoiles les plus lumineuses. L’astronome Augustin Royer avait suggéré, sans succès, de désigner cet astérisme par le Sceptre en hommage au roi Louis XIV. Le Petit Lion est encadré par deux constellations faciles à identifier, la Grande Ourse au nord, et le Lion au sud. Situé au sud et à l’ouest de la Grande Ourse, le Lynx ne contient que peu d’étoiles brillantes. Son nom proviendrait du fait qu’il faut des yeux perçants pour distinguer les étoiles de cette constellation. La Mouche apparaît sur le globe céleste de Petrus Plancius vers 1598 (Apis Indica) puis fut répertoriée dans Uranometria en 1603 sous le nom de l’Abeille. Plus tard, Nicolas-Louis de Lacaille la rebaptisa Mouche Australe, afin de la différencier de la Mouche Boréale, une constellation maintenant disparue située près du Bélier. La forme brève (La Mouche) a été adoptée par l’IAU en 1922. Le Paon figure parmi les constellations très méridionales de la voûte céleste. Son nom proviendrait de l’animal consacré à Héra, la femme de Zeus dans la mythologie grecque. Le Phénix est un astérisme peu lumineux de l’hémisphère sud. Le Toucan est quelque peu plus lumineux que les autres constellations de cette partie du ciel austral et renferme le Petit Nuage de Magellan. Le Poisson Volant est une petite constellation située au sud de la Carène dont le nom est attribué aux navigateurs hollandais Keyser et de Houtman. Le Petit Renard est visible au milieu du Triangle d’été, un astérisme constitué des étoiles α Cygni (Deneb), α Lyrae (Vega) et α Aquilae (Altaïr). Elle fut baptisée Vulpecula cum Anser (le Petit Renard avec l’Oie) par J. Hevelius et cette terminologie a donné son nom à l’étoile la plus brillante (Anser). C’est dans cette constellation que fut découvert le premier pulsar par A. Hewish et J. Bell en 1967.
Le zodiaque est une bande imaginaire, de 16° environ, située sur la sphère céleste de part et d’autre de l’écliptique où se trouve la trajectoire apparente du Soleil et dans laquelle se déplacent les planètes. Cette zone est inclinée de 23 degrés environ par rapport à l’équateur. Le mot dérive du grec ζωικοѕ, « animal », en relation avec le fait que la plupart des constellations qui composent le zodiaque sont représentées par des figures d’animaux. Le zodiaque, appelé aussi zodiaque tropique, est divisé en douze arcs égaux de 30 degrés : il commence avec le Bélier (Aries) pour se terminer avec les Poissons (Pisces). On considère aussi parfois comme le zodiaque l’ensemble des douze constellations de longueurs inégales, n’apparaissant pas dans leur totalité dans la bande zodiacale, mais caractérisées par les mêmes désignations que les douze parties du zodiaque tropique. Les signes du zodiaque coïncidaient autrefois avec les constellations qui leur ont donné un nom mais, suite à la précession des équinoxes, le point vernal (équinoxe de printemps) se trouve actuellement dans la constellation des Poissons.
Les douze signes du zodiaque sont : le Bélier (Aries), le Taureau (Taurus), les Gémeaux (Gemini), le Cancer (Cancer), le Lion (Leo), la Vierge (Virgo), la Balance (Libraque), le Scorpion (Scorpius), le Sagittaire (Arciterens ou Sagittarius), le Capricorne (Capricornus), le Verseau (Amphora ou Aquarius) et les Poissons (Pisces).
Le zodiaque actuel trouve apparemment son origine dans l’astrologie babylonienne, l’écliptique étant divisé en douze zones de 30 degrés. Ces premières étapes de l’astrologie sont illustrées dans un texte très ancien appelé Mul Apin. Dès l’époque de Cambyse (vie siècle av. J.-C.), chacun des 12 signes du zodiaque fut divisé en trois parties de dix degrés, les étoiles observées dans chacune de ces régions étant regroupées dans des astérismes évoquant souvent des animaux. Nous ne discuterons pas ici des développements de l’astrologie en Égypte ancienne ou dans l’Empire romain car ceci sort du cadre du présent article mais, avant de parler des apports médiévaux, nous mentionnerons quelques contributions de l’astrologie hellénistique qui joua historiquement un rôle important.
C’est Bérose (ive siècle av. J.-C.), semble t-il, qui fit connaître aux Grecs l’astrologie chaldéenne et qui fonda, à Cos, une école d’astrologie. Suite à la découverte de la précession des équinoxes par Hipparque, le zodiaque sidéral, dont le point de départ était une étoile fixe, fut remplacé par un zodiaque tropique, mentionné plus haut, débutant au point vernal. Parmi les éléments essentiels présents dans l’astrologie hellénistique figurent les planètes, le cercle des douze maisons ainsi que les configurations planétaires. À l’époque d’Anaxagore de Clazomènes (500-428 av. J.-C.), la liste des « planètes » incluait la Lune, le Soleil, Vénus, Mercure, Mars, Jupiter et Saturne, Vénus et la Lune étant considérées comme des planètes féminines et les autres comme des planètes masculines. Quant à la symbolique du zodiaque, les représentations des différents signes étaient disposées sur un cercle et engendraient quatre triangles ou trigones. Ces derniers, définis à partir de spéculations pythagoriciennes relatives au caractère bénéfique de la triade, englobaient chacun trois signes à savoir le triangle de feu (Bélier, Lion, Sagittaire), le triangle de terre (Taureau, Vierge, Capricorne), le triangle d’air (Gémeaux, Balance, Verseau) et le triangle d’eau (Cancer, Scorpion, Poissons).
Au Moyen Âge, avant d’entrer en contact avec la culture gréco-arabe, l’Occident chrétien connut une astrologie primitive basée essentiellement sur les textes de Firmicus Maternus (ive siècle apr. J.-C.) et sur les traductions latines de textes grecs d’astrologie populaire. Après l’an mil, l’influence gréco-arabe commença à se manifester via l’Espagne où le roi Alphonse X de Castille (mort en 1285) contribua au rayonnement de l’astronomie mais aussi de l’astrologie dite savante. Le Libros del saber de astronomia, rédigé par ses collaborateurs, contenait tout le savoir astronomico-astrologique de l’époque. En Italie, l’astrologie connut un succès considérable notamment à la cour de Palerme où œuvra le théologien et astrologue Michel Scot mais aussi auprès des papes, l’Église ne persécutant guère les partisans de cette pseudo-science. En France, l’astrologie savante eut comme centres de rayonnement les universités de Montpellier et de Paris. Le médecin alchimiste et astrologue, Arnaud de Villeneuve (1235-1312) mit en exergue les relations étroites entre l’astrologie et la médecine. En Allemagne et en Angleterre, plusieurs personnalités s’intéressèrent à l’astrologie : ce fut le cas notamment de Roger de Hereford (fl. 1176-1198), Robert Grosseteste, l’évêque de Lincoln (1175-1253) et Wolfram von Eschenbach (env. 1170-env. 1220). Les développements de l’astrologie médiévale sont nombreux et variés et il sort du propos du présent article de les développer ici.
Durant la période 1450-1650, l’astrologie connut un rayonnement intense et inspira même l’architecture des cathédrales en relation avec les signes du zodiaque. On en trouve des exemples dans les tympans de certaines églises romanes de France comme ceux des cathédrales de Vézelay ou d’Autun. Le portique de Notre-Dame de Paris comporte aussi des sculptures d’inspiration zodiacale.
L’inventeur de la première horloge à rouages mécaniques et à échappement contrôlé n’est apparemment pas connu même si d’aucuns ont suggéré le nom de Gerbert, un moine français du 10e siècle qui devint pape sous le nom de Sylvestre II (999-1003). Les premières descriptions précises remontent, semble t-il, seulement à la fin du XIIIe siècle et au début du XIVe siècle. Parmi les horloges célèbres qui virent le jour à cette époque, on peut mentionner (sans que cette liste ne soit limitative) celles de la cathédrale d’Exeter (1284), de la cathédrale Saint-Paul de Londres (1286), des cathédrales de Beauvais (vers 1300), de Nevers (1313) et de Strasbourg (1352-1354) en France, de la cathédrale de Bâle (1365) ou de celle de Malines (1372). Nous nous contenterons de décrire ici, avec quelques détails, trois horloges astronomiques qui comportent une composante astrologique notable centrée sur des illustrations des signes du zodiaque. Il s’agit des horloges astronomiques de Lund (Suède), de Gdansk (Pologne) et de Prague (Tchèquie).
L’horloge astronomique de Lund (Suède) (Horologium Mirabile Lundense) fut édifiée vers 1380. Après un arrêt de fonctionnement au début du 17e siècle, elle fut remplacée, en 1623, par une nouvelle horloge. La dernière restauration date de 1923. Cette horloge incarne une représentation médiévale du monde dans le cadre d’une cosmologie géocentrique. L’horloge, logée dans la partie supérieure de la construction, décrit, outre la découpe du temps, la trajectoire du Soleil, de la Lune et des planètes par rapport aux étoiles et dans le cadre d’une description zodiacale. La partie inférieure est un calendrier valable jusqu’en 2123, où trône Chronos, le symbole du temps. L’horloge, très sophistiquée, fournit la lettre dominicale, le nombre d’or, le cycle solaire, l’épacte et l’indiction avec également les dates des fêtes mobiles.
La basilique Notre-Dame (Bazylika Mariacka) de Gdansk (Pologne) a été construite de 1343 à 1502. Dans le transept nord, se trouve une horloge astronomique très spectaculaire (Zegar Astronomiczny) qui mesure plus de 14 mètres de haut. Elle est divisée en trois parties. Le calendarium se trouve dans la partie inférieure ; il indique l’heure, la date et également le défilement du calendrier liturgique. Dans la partie centrale, le planétarium montre les phases de la lune, les signes zodiacaux et également les positions du Soleil et de la Lune par rapport à ceux-ci. La partie supérieure comporte, en rotation et sur deux niveaux, les douze apôtres, les quatre évangélistes et les rois mages ainsi qu’une allégorie de la mort munie d’une faux qui indique les heures. Enfin, Adam et Ève, debout sous l’Arbre de la Connaissance, font sonner les cloches. La construction de cette horloge, due à Hans Düringer, remonte à la seconde moitié du 15e siècle (1464 à 1470). Elle fonctionna jusqu’en 1553 avant sa remise en ordre en 1993.
L’horloge astronomique de Prague aurait été construite par Nicolas de Kadañ, en 1410, en collaboration avec Jan Sindel, professeur de mathématiques et d’astronomie à l’Université de Prague, remaniée par le maître Hanus (Jan Ruze) vers 1490 et, enfin, par Jan Táborsky au xvie siècle Dans la partie supérieure, on voit quatre allégories représentant respectivement la vanité (avec son miroir), l’avarice (commerçant juif), la mort (squelette avec une clochette) et la convoitise (prince turc avec une mandoline). Avant que l’heure ne sonne débute un spectacle qui rappelle le passage inéluctable du temps et de la vie. Le Christ et les douze apôtres entrent dans la ronde avec le coq chantant pour terminer la parade. Le cadran astronomique a la forme d’un astrolabe dont le fond représente la Terre et le ciel ainsi que l’ombre du Soleil. Sur le fond apparaît le cercle zodiacal, un cercle tournant externe et des modèles réduits du Soleil et de la Lune. Nous n’entrerons pas ici dans les détails du fonctionnement de cette horloge astronomique mais nous nous polariserons uniquement sur la partie inspirée du zodiaque. Au milieu de l’horloge tourne en effet un cercle illustré par les signes zodiacaux indiquant la position du Soleil sur l’écliptique. Le cercle zodiacal est divisé, à l’extérieur, en 72 parties égales qui correspondent chacune à environ cinq jours. Une étoile dorée est fixée à ce cercle et représente la position du point vernal par rapport au Soleil à la date considérée. Le temps sidéral (qui diffère du temps solaire par quatre minutes environ) est lisible sur l’échelle comportant des chiffres romains dorés. Sur cette horloge, au nombre des informations que l’on peut lire figurent les positions du Soleil et de la Lune dans le ciel, les phases lunaires, le signe zodiacal et le décan dans lequel on se trouve, l’heure locale, indiquée par la main dorée sur les chiffres romains, l’heure en douzièmes de jour, désignée par la position du Soleil sur les figures dorées, les heures tchèques anciennes (journées de vingt heures débutant au coucher du Soleil) que montre la main sur les chiffres gothiques et, enfin, le temps sidéral, indiqué par une petite étoile.
L’astrolabe, le quadrant, la saphea et les cadrans solaires servaient pour établir la date et l’heure. Le nocturlabe était mis en œuvre pour déterminer l’heure nocturne. De nombreux instruments étaient illustrés par les signes astrologiques, l’astrologie étant encore souvent indissociable de l’astronomie. Accessoirement, on peut ajouter aux instruments précédents les clepsydres et autres sabliers qui permettaient la découpe du temps. Il sort du cadre du présent article de décrire tous ces instruments en détail. Nous nous limiterons ici à donner des informations succinctes au sujet des sphères célestes et des cadrans solaires, dont certains exemplaires sont montrés dans la présente exposition.
Évoquée déjà par Ptolémée dans son ouvrage célèbre intitulé l’Almageste ou Grande Syntaxe, la sphère céleste trouve sans doute son origine dans le monde grec antique. Plusieurs noms ont été suggérés pour son invention comme Anaximandre de Milet (6e siècle av. J.-C.), Eudoxe de Cnide (4e siècle av. J.-C.) voire Archimède (3e siècle av. J.-C.). Il s’agit d’une sphère imaginaire dont le centre est occupé par la Terre et sur laquelle on représente tous les astres visibles depuis cette dernière. Il faut savoir que la cosmologie grecque était basée sur un modèle de sphères géocentriques incluant notamment la sphère des fixes sur laquelle se trouvaient les étoiles lointaines. Pendant l’Antiquité et le Moyen Âge, les étoiles étaient supposées équidistantes de la Terre et la sphère céleste était considérée comme une représentation satisfaisante de l’univers. Dans le modèle de l’époque, la Terre était supposée immobile et c’est la sphère des fixes qui tournait autour de notre planète. L’axe de rotation passait par les pôles géographiques et ses intersections avec la sphère céleste déterminaient la position des pôles célestes, le pôle nord coïncidant approximativement avec l’étoile polaire (α Ursae Minoris).
On fabriqua des sphères célestes dans le monde arabe puis dans le monde occidental. Certains de ces globes sont restés célèbres. Le globe de Schissler (conservé au Palacio Nacional de Sintra, Portugal) a été réalisé en laiton, à Augsbourg en 1575, par Christoph Schissler le Vieux (1531-1608). Les globes du cartographe hollandais Willem Janszoon Blaeu (1571-1638) ont été créés dans la première moitié du 17e siècle sur la base du catalogue d’étoiles du célèbre astronome danois Tycho Brahe. Un de ces globes est conservé à la Bibliothèque royale de Belgique. Les globes (céleste et terrestre) dits de Coronelli, qui sont des pièces monumentales (4 mètres de diamètre environ) pesant plusieurs tonnes, ont été financés par le cardinal d’Estrée et construits entre 1681 et 1683 par Vincenzo Coronelli (1650-1718) pour être offerts à Louis XIV. Le globe céleste représente l’état du ciel à la naissance de ce roi. Il compte 1880 étoiles, réparties en 72 constellations et représentées par des clous dorés. Le globe terrestre matérialise l’état des connaissances géographiques (Asie, Afrique, Amérique) pendant la décennie 1670-1680. Destinés au château de Versailles, ils furent finalement installés à Marly en 1703 et portent de ce fait le nom de « globes de Marly ».
La gnomonique est l’art de construire les cadrans solaires. Ceux-ci sont constitués par une surface comportant des divisions qui correspondent aux heures diurnes sur lesquelles le Soleil projette successivement l’ombre d’un style. Dans son mouvement diurne apparent, le Soleil traverse successivement les plans de 24 demi-méridiens distants de 15° et dont l’un passe par le lieu d’observation. Lorsque le Soleil franchit le demi-méridien de ce dernier, il est midi vrai en ce lieu. Le Soleil se retrouvera dans le plan de ce demi-méridien après 24 heures. Une tige rectiligne est placée dans la direction de l’axe du monde et, si l’on trace sur un plan perpendiculaire à cette tige les marques des 24 méridiens, on obtient des lignes horaires sur lesquelles se projette l’ombre du style aux différentes heures de la journée. Selon la date considérée, pour une heure fixée, la longueur de l’ombre et sa direction sont variables. Cette variabilité est directement reliée à la variation annuelle de la déclinaison solaire.
Si le plan du cadran est parallèle à l’équateur, on obtient un cadran solaire équatorial ou équinoxial (cadrans relativement peu usités). Si le plan du cadran est parallèle à l’horizon du lieu et le style dirigé suivant l’axe du monde, le cadran sera dit horizontal ou universel. Si les divisions horaires, obtenues par des calculs adéquats, sont tracées sur un plan vertical perpendiculaire au plan du méridien du lieu, le cadran solaire sera dit vertical. Le cadran est qualifié de déclinant lorsqu’il est établi sur un plan vertical non perpendiculaire au plan du méridien. Dans ce cas, les divisions horaires ne sont plus symétriques et le style (toujours dirigé suivant l’axe du monde) est oblique par rapport au plan du cadran.
Les cadrans solaires sont connus depuis des temps immémoriaux. Ils furent en usage dans la Chine ancienne et Hérodote, dans un écrit daté de 430 av. J.-C., prétendait que les Babyloniens les avaient fait connaître aux Grecs. Des obélisques de l’Égypte ancienne ont servi de styles à des cadrans solaires primitifs. Certains furent ramenés à Rome par des empereurs romains : l’un d’entre eux orne encore la place de Montecitorio. Ce gnomon servait à indiquer l’heure. Le jour où l’ombre était la plus longue à midi correspondait au solstice d’hiver et où elle apparaissait la plus courte indiquait le solstice d’été. Un autre obélisque, ramené de Louxor (Égypte), orne la place de la Concorde à Paris depuis 1833 (règne de Louis-Philippe). De l’Antiquité grecque, on a conservé différents cadrans solaires dont notamment celui vertical de la tour des Vents à Athènes. Un des premiers cadrans solaires grecs serait dû à Anaximandre. Les Grecs fabriquèrent des cadrans solaires hémisphériques (scaphé) ou plans, qu’ils fussent horizontaux ou verticaux.
Dans l’Occident chrétien, un des cadrans solaires les plus anciens aurait appartenu à l’archevêque Alphège (env. 953-1012) assassiné par les Vikings. Il s’agit d’une plaque en ivoire utilisée comme cadran vertical et découverte dans un cloître de Cantorbéry en Grande-Bretagne. Les cadrans solaires anciens étaient basés sur la variation de la hauteur du Soleil au cours du temps et portaient de ce fait le nom de cadrans de hauteur ou altimétriques. Les montres de berger, en usage depuis le 16e siècle, étaient basées sur le même principe. Constituées de cadrans cylindriques munis d’un style rabattable pour le transport, elles fournissaient une heure approximative. Il suffisait de placer le cadran vertical et d’observer l’ombre portée par le style amené au préalable à la position correspondant au jour considéré. Faisant appel à la direction du Soleil, on voit apparaître par la suite les cadrans solaires dits de direction. Entre les 10e et 15e siècles, on a construit de nombreux cadrans solaires fixes sur des clochers d’églises, des beffrois ou des tours diverses. Ils consistaient, la plupart du temps, en un demi-cercle tracé sur un mur vertical et, jusqu’au 12e siècle, divisé en quatre, six ou huit parties égales. Un cadran célèbre, daté du 12e siècle, est celui du portique sud de la cathédrale de Chartres orné d’un ange en pierre.
Depuis l’Antiquité, les observateurs du ciel, qu’ils soient astronomes ou non, ont visualisé les étoiles sur la voûte céleste sous la forme de divers astérismes. Les représentations d’animaux, voire de personnages légendaires et mythiques associés aux différentes civilisations, sont fréquentes. Une des plus anciennes descriptions systématiques des constellations se trouve dans les Phénomènes, un poème d’Aratos de Soles (3e siècle av. J.-C.), qui répertorie 43 constellations et désigne 5 étoiles. L’astronome grec Claude Ptolémée, dans son ouvrage l’Almageste, regroupa 1022 étoiles visibles dans le ciel d’Alexandrie en 48 constellations. Bien que ne couvrant pas la totalité de la sphère céleste, ce système constitua la référence pour les astronomes pendant de nombreux siècles. L’astronomie ne progressa guère en effet durant les treize siècles qui suivirent la parution de ce traité majeur qui fit l’objet de nombreux commentaires, notamment par Théon d’Alexandrie, mais qui ne subit que des corrections mineures. Dans son catalogue, Ptolémée distribue les étoiles en six classes selon leur magnitude et il répertorie notamment 15 étoiles brillantes (de magnitude 1). Ulugh Beg revit les positions des étoiles de Ptolémée mais son catalogue, élaboré de 1420 à 1437, ne fut imprimé qu’en 1665. Entretemps, les observations astronomiques européennes avaient fait de notables progrès.
Le bestiaire de Ptolémée incluait les animaux suivants : l’Aigle (Aquila) qui rappelle l’aigle de Zeus qui rôdait près de Prométhée enchaîné pour lui dévorer le foie ; le Grand Chien (Canis Major) : cette constellation de l’hémisphère austral située en bordure de la Voie lactée renferme quelques étoiles brillantes dont Sirius, l’étoile la plus brillante du ciel ; le Petit Chien (Canis Minor), situé dans l’hémisphère boréal entre l’équateur et les Gémeaux à proximité de la Voie lactée, contient Procyon ; le Centaure (Centaurus), une constellation riche en étoiles brillantes, dans laquelle les Grecs voyaient le Centaure Chiron transporté dans les cieux, et qui contient notamment Proxima Centauri, l’étoile la plus proche de la Terre ; la Baleine (Cetus), un groupe d’étoiles située au sud des constellations zodiacales du Bélier et des Poissons dont une étoile remarquable est la variable Mira ; le Corbeau (Corvus), une petite constellation australe au sud de la Vierge dont les étoiles les plus brillantes forment un quadrilatère ; le Cygne (Cygnus) une grande et brillante constellation, quelquefois appelée la Croix du Nord, qui rappelle la légende de Zeus déguisé en cygne pour séduire Leda ; le Dauphin (Delphinius), une constellation boréale au sud du Cygne qui compte une trentaine d’étoiles visibles à l’oeil nu et au nom de laquelle plusieurs légendes se rattachent ; le Dragon (Draco) renferme de nombreuses étoiles peu brillantes, sa tête étant matérialisée par quatre étoiles disposées en quadrilatère et son corps étant situé entre la Grande et la Petite Ourse ; le Petit Cheval (Equuleus) : une constellation mineure de l’hémisphère nord ; l’Hydre femelle (Hydra) : le groupe d’étoiles, le plus vaste du ciel, qui s’étend dans l’hémisphère boréal, au sud du Cancer, et dans l’hémisphère austral jusque la Balance ; elle est assimilée à l’Hydre de Lerne, un serpent monstrueux habitant les marais d’Argolide et tué par Hercule dans le cadre de ses douze travaux ; le Lièvre (Lepus) un astérisme austral situé au sud d’Orion dont l’étoile la plus brillante est Ameb ; Ophiucus : une constellation équatoriale enchevêtrée avec celle du Serpent (Serpens) et qui divise celle-ci en deux parties : la Tête du Serpent (Serpens Caput) et la Queue du Serpent (Serpens Cauda) ; le Poisson austral (Piscis Austrinus) : un astérisme au sud du Verseau contenant l’étoile Fomalhaut ; enfin les deux constellations bien connues de la Grande Ourse (Ursa Major) et de la Petite Ourse (Ursa Minor).
Les deux dernières constellations méritent une attention particulière. La Grande Ourse est circumpolaire et boréale. Ses sept étoiles brillantes définissent une figure caractéristique assimilée souvent à un chariot avec son timon. Elle est désignée aussi sous le nom de Grand Chariot, les étoiles α, β, γ et δ délimitant les contours de celui-ci et les étoiles ε, ζ et η dessinant le timon du véhicule. Les étoiles brillantes de la constellation de la Petite Ourse composent une figure assez semblable à celle de la Grande Ourse mais orientée différemment. L’étoile a est voisine du pôle nord céleste et porte, pour cette raison, le nom d’étoile polaire.
À la Grande et à la Petite Ourse est associée une légende originaire de la Grèce antique. Callisto, la fille du roi Lycaon, était liée à Artemis, la déesse de la chasse, par le serment de lui consacrer sa vie entière et partageait, avec les nymphes, les plaisirs de la chasse dans les forêts giboyeuses de la Grèce. Un jour, Zeus aperçut Callisto endormie dans la forêt et en tomba amoureux. Callisto résista peu à ses avances et perdit sa virginité, l’indispensable apanage des prêtresses d’Artémis. Lorsque les nymphes découvrirent son état, elles l’accablèrent de reproches et la bannirent. Quand Héra, l’épouse jalouse de Zeus, apprit que son mari avait engendré un fils, Arcas, avec Callisto, elle transforma cette dernière en une ourse condamnée à errer à jamais dans la forêt. Un jour, Callisto reconnut Arcas sous les traits d’un chasseur et, alors que ce dernier s’apprêtait à tuer sa mère, Zeus le transforma aussi en un ours. Pour protéger son éphémère maîtresse et son fils, Zeus les métamorphosa en étoiles qu’il plaça au ciel. Héra très fâchée obtint de Zeus que Callisto ne puisse plus se reposer et qu’elle soit contrainte d’errer en permanence dans le ciel, parmi les astres, sans jamais toucher l’horizon.
Jusqu’à la fin du 16e siècle, les cartes du ciel ne répertoriaient que les constellations mentionnées par Ptolémée dans l’Almageste. Grâce aux télescopes qu’il construisit, Tycho Brahe put mesurer avec précision la position de nombreux astres et une liste de 777 étoiles fut publiée, en 1602, dans l’ouvrage Astronomiae instauratae Progymnasmata.
C’est en 1603 que Johann Bayer (1572-1625) fait paraître à Augsbourg un atlas céleste en 51 planches, Uranometria, omnium asterismorum continens schemata, détaillant toutes les étoiles visibles à l’oeil nu, un recueil basé notamment sur la liste d’étoiles du Progymnasmata. Cet atlas contient, outre les constellations mentionnées par Ptolémée, douze nouvelles constellations de l’hémisphère austral (apparaissant sur la 49e planche) basées sur les relevés de deux navigateurs hollandais, Pieter Dirkszoon Keyser et Frederick de Houtman, ainsi que deux planches (les dernières) représentant les hémisphères boréal et austral. Les nouvelles constellations portent les noms suivants : le Caméléon, la Colombe, la Dorade (Espadon), la Grue, l’Hydre mâle, l’Indien, l’Oiseau de paradis, le Paon, le Phénix, le Poisson volant, le Toucan et le Triangle austral.
En 1624, un astronome allemand, Jakob Bartsch, introduit cinq nouvelles constellations. Seules la Licorne, la Girafe et la Croix du Sud nous sont restées. Trois ans plus tard, Julius Schiller publie le Coelum Stellatum Christianum, un atlas stellaire dans lequel il propose de redésigner les constellations d’après des personnages ou des événements bibliques. Cette tentative de « christianiser » le ciel échouera cependant. Des ajouts ultérieurs d’astérismes sont dus à l’astronome allemand Johannes Hevelius (1611-1687) (sept constellations, à savoir les Chiens de chasse, l’Écu de Sobieski, le Lézard, le Lynx, le Petit Lion, le Petit Renard et le Sextant) dans son ouvrage Uranographia (1687). 14 constellations australes supplémentaires seront proposées par l’abbé Nicolas-Louis de Lacaille (1713-1762) après son voyage au cap de Bonne-Espérance (1750) dans le traité Coelum australe stelliferum (publié en 1763, après sa mort), plusieurs constellations étant ajoutées afin de compléter les espaces du ciel encore vierges de toute dénomination. C’est le cas de la Boussole (Pyxis), du Burin (Caelum), du Compas (Circinus), du Fourneau (Fornax), de l’Horloge (Horologium), de la Machine pneumatique (Antlia), du Microscope (Microscopium), de l’Octant (Octans), du Peintre (Pictor), de la Règle (Norma), du Réticule (Reticulum), du Sculpteur (Sculptor), de la Table (Mensa) et du Télescope (Telescopium).
En 1729, l’Atlas Coelestis dû à John Flamsteed remplace celui de Bayer ; dans chaque constellation, les étoiles sont numérotées et sont classées par ascension droite croissante. La nomenclature de Flamsteed est encore utilisée pour les étoiles peu brillantes qui ne sont pas désignées par des lettres grecques. Une description très complète des étoiles du ciel visibles à l’œil nu se trouve dans l’Uranographia de Johann Elert Bode (1801). Dans cet ouvrage, la délimitation des constellations est affinée. Une contribution supplémentaire dans le même domaine sera l’œuvre de Friedrich W. A. Argelander qui publiera Uranometria Nova en 1843.
La liste définitive des 88 constellations telle qu’on la connaît actuellement a été établie en 1930 sous l’égide de l’Union astronomique internationale (IAU). Les délimitations des constellations sont désormais précisées sans ambiguïté, qu’elles soient petites comme le Petit Cheval (Equuleus) et la Croix du Sud (Crux) ou qu’elles soient dix fois plus étendues comme Pégase et le Centaure.
Il n’est pas inutile, pour notre propos, de rappeler ici la liste des constellations, en relation avec des astérismes animaliers, ajoutées depuis l’an 1600 environ. Celles-ci sont présentées dans le tableau récapitulatif de la page suivante. L’Oiseau de paradis apparaît, pour la première fois, sur un globe céleste de Petrus Plancius et Jodocus Hondius (Amsterdam, 1597-1598). On en retrouve aussi mention dans l’Uranometria de Johann Bayer en 1603. La Girafe, une constellation étendue mais peu lumineuse, est répertoriée dès 1624 par J. Bartsch. La constellation des Chiens de Chasse est mentionnée par J. Hevelius (1611-1687) dans son Atlas Firmamentum Sobiescianum sive Uranographia. L’étoile la plus lumineuse, α Canum Venaticorum, porte aussi le nom de Cor Caroli en l’honneur du roi Charles II d’Angleterre. Le Caméléon est situé à proximité du pôle sud alors que la Colombe est une petit groupe d’étoiles située au sud du Grand Chien et du Lièvre. Elle rappelle la colombe de l’arche de Noé. La Dorade est très peu lumineuse, ses étoiles ne dépassant pas la quatrième magnitude. L’objet le plus notable est le Grand Nuage de Magellan qui fut le siège de l’explosion de la supernova bien connue SN1987A. La Grue est située à proximité du Poisson austral et ne contient que peu d’étoiles visibles à l’œil nu. La dénomination du Lézard fut proposée par Johannes Hevelius car cette région du ciel, entre le Cygne et Andromède, était pauvre en étoiles brillantes. Son nom provient visiblement de la forme sinueuse délimitée par ses étoiles les plus lumineuses. L’astronome Augustin Royer avait suggéré, sans succès, de désigner cet astérisme par le Sceptre en hommage au roi Louis XIV. Le Petit Lion est encadré par deux constellations faciles à identifier, la Grande Ourse au nord, et le Lion au sud. Situé au sud et à l’ouest de la Grande Ourse, le Lynx ne contient que peu d’étoiles brillantes. Son nom proviendrait du fait qu’il faut des yeux perçants pour distinguer les étoiles de cette constellation. La Mouche apparaît sur le globe céleste de Petrus Plancius vers 1598 (Apis Indica) puis fut répertoriée dans Uranometria en 1603 sous le nom de l’Abeille. Plus tard, Nicolas-Louis de Lacaille la rebaptisa Mouche Australe, afin de la différencier de la Mouche Boréale, une constellation maintenant disparue située près du Bélier. La forme brève (La Mouche) a été adoptée par l’IAU en 1922. Le Paon figure parmi les constellations très méridionales de la voûte céleste. Son nom proviendrait de l’animal consacré à Héra, la femme de Zeus dans la mythologie grecque. Le Phénix est un astérisme peu lumineux de l’hémisphère sud. Le Toucan est quelque peu plus lumineux que les autres constellations de cette partie du ciel austral et renferme le Petit Nuage de Magellan. Le Poisson Volant est une petite constellation située au sud de la Carène dont le nom est attribué aux navigateurs hollandais Keyser et de Houtman. Le Petit Renard est visible au milieu du Triangle d’été, un astérisme constitué des étoiles α Cygni (Deneb), α Lyrae (Vega) et α Aquilae (Altaïr). Elle fut baptisée Vulpecula cum Anser (le Petit Renard avec l’Oie) par J. Hevelius et cette terminologie a donné son nom à l’étoile la plus brillante (Anser). C’est dans cette constellation que fut découvert le premier pulsar par A. Hewish et J. Bell en 1967.
Le zodiaque est une bande imaginaire, de 16° environ, située sur la sphère céleste de part et d’autre de l’écliptique où se trouve la trajectoire apparente du Soleil et dans laquelle se déplacent les planètes. Cette zone est inclinée de 23 degrés environ par rapport à l’équateur. Le mot dérive du grec ζωικοѕ, « animal », en relation avec le fait que la plupart des constellations qui composent le zodiaque sont représentées par des figures d’animaux. Le zodiaque, appelé aussi zodiaque tropique, est divisé en douze arcs égaux de 30 degrés : il commence avec le Bélier (Aries) pour se terminer avec les Poissons (Pisces). On considère aussi parfois comme le zodiaque l’ensemble des douze constellations de longueurs inégales, n’apparaissant pas dans leur totalité dans la bande zodiacale, mais caractérisées par les mêmes désignations que les douze parties du zodiaque tropique. Les signes du zodiaque coïncidaient autrefois avec les constellations qui leur ont donné un nom mais, suite à la précession des équinoxes, le point vernal (équinoxe de printemps) se trouve actuellement dans la constellation des Poissons.
Les douze signes du zodiaque sont : le Bélier (Aries), le Taureau (Taurus), les Gémeaux (Gemini), le Cancer (Cancer), le Lion (Leo), la Vierge (Virgo), la Balance (Libraque), le Scorpion (Scorpius), le Sagittaire (Arciterens ou Sagittarius), le Capricorne (Capricornus), le Verseau (Amphora ou Aquarius) et les Poissons (Pisces).
Le zodiaque actuel trouve apparemment son origine dans l’astrologie babylonienne, l’écliptique étant divisé en douze zones de 30 degrés. Ces premières étapes de l’astrologie sont illustrées dans un texte très ancien appelé Mul Apin. Dès l’époque de Cambyse (vie siècle av. J.-C.), chacun des 12 signes du zodiaque fut divisé en trois parties de dix degrés, les étoiles observées dans chacune de ces régions étant regroupées dans des astérismes évoquant souvent des animaux. Nous ne discuterons pas ici des développements de l’astrologie en Égypte ancienne ou dans l’Empire romain car ceci sort du cadre du présent article mais, avant de parler des apports médiévaux, nous mentionnerons quelques contributions de l’astrologie hellénistique qui joua historiquement un rôle important.
C’est Bérose (ive siècle av. J.-C.), semble t-il, qui fit connaître aux Grecs l’astrologie chaldéenne et qui fonda, à Cos, une école d’astrologie. Suite à la découverte de la précession des équinoxes par Hipparque, le zodiaque sidéral, dont le point de départ était une étoile fixe, fut remplacé par un zodiaque tropique, mentionné plus haut, débutant au point vernal. Parmi les éléments essentiels présents dans l’astrologie hellénistique figurent les planètes, le cercle des douze maisons ainsi que les configurations planétaires. À l’époque d’Anaxagore de Clazomènes (500-428 av. J.-C.), la liste des « planètes » incluait la Lune, le Soleil, Vénus, Mercure, Mars, Jupiter et Saturne, Vénus et la Lune étant considérées comme des planètes féminines et les autres comme des planètes masculines. Quant à la symbolique du zodiaque, les représentations des différents signes étaient disposées sur un cercle et engendraient quatre triangles ou trigones. Ces derniers, définis à partir de spéculations pythagoriciennes relatives au caractère bénéfique de la triade, englobaient chacun trois signes à savoir le triangle de feu (Bélier, Lion, Sagittaire), le triangle de terre (Taureau, Vierge, Capricorne), le triangle d’air (Gémeaux, Balance, Verseau) et le triangle d’eau (Cancer, Scorpion, Poissons).
Au Moyen Âge, avant d’entrer en contact avec la culture gréco-arabe, l’Occident chrétien connut une astrologie primitive basée essentiellement sur les textes de Firmicus Maternus (ive siècle apr. J.-C.) et sur les traductions latines de textes grecs d’astrologie populaire. Après l’an mil, l’influence gréco-arabe commença à se manifester via l’Espagne où le roi Alphonse X de Castille (mort en 1285) contribua au rayonnement de l’astronomie mais aussi de l’astrologie dite savante. Le Libros del saber de astronomia, rédigé par ses collaborateurs, contenait tout le savoir astronomico-astrologique de l’époque. En Italie, l’astrologie connut un succès considérable notamment à la cour de Palerme où œuvra le théologien et astrologue Michel Scot mais aussi auprès des papes, l’Église ne persécutant guère les partisans de cette pseudo-science. En France, l’astrologie savante eut comme centres de rayonnement les universités de Montpellier et de Paris. Le médecin alchimiste et astrologue, Arnaud de Villeneuve (1235-1312) mit en exergue les relations étroites entre l’astrologie et la médecine. En Allemagne et en Angleterre, plusieurs personnalités s’intéressèrent à l’astrologie : ce fut le cas notamment de Roger de Hereford (fl. 1176-1198), Robert Grosseteste, l’évêque de Lincoln (1175-1253) et Wolfram von Eschenbach (env. 1170-env. 1220). Les développements de l’astrologie médiévale sont nombreux et variés et il sort du propos du présent article de les développer ici.
Durant la période 1450-1650, l’astrologie connut un rayonnement intense et inspira même l’architecture des cathédrales en relation avec les signes du zodiaque. On en trouve des exemples dans les tympans de certaines églises romanes de France comme ceux des cathédrales de Vézelay ou d’Autun. Le portique de Notre-Dame de Paris comporte aussi des sculptures d’inspiration zodiacale.
L’inventeur de la première horloge à rouages mécaniques et à échappement contrôlé n’est apparemment pas connu même si d’aucuns ont suggéré le nom de Gerbert, un moine français du 10e siècle qui devint pape sous le nom de Sylvestre II (999-1003). Les premières descriptions précises remontent, semble t-il, seulement à la fin du XIIIe siècle et au début du XIVe siècle. Parmi les horloges célèbres qui virent le jour à cette époque, on peut mentionner (sans que cette liste ne soit limitative) celles de la cathédrale d’Exeter (1284), de la cathédrale Saint-Paul de Londres (1286), des cathédrales de Beauvais (vers 1300), de Nevers (1313) et de Strasbourg (1352-1354) en France, de la cathédrale de Bâle (1365) ou de celle de Malines (1372). Nous nous contenterons de décrire ici, avec quelques détails, trois horloges astronomiques qui comportent une composante astrologique notable centrée sur des illustrations des signes du zodiaque. Il s’agit des horloges astronomiques de Lund (Suède), de Gdansk (Pologne) et de Prague (Tchèquie).
L’horloge astronomique de Lund (Suède) (Horologium Mirabile Lundense) fut édifiée vers 1380. Après un arrêt de fonctionnement au début du 17e siècle, elle fut remplacée, en 1623, par une nouvelle horloge. La dernière restauration date de 1923. Cette horloge incarne une représentation médiévale du monde dans le cadre d’une cosmologie géocentrique. L’horloge, logée dans la partie supérieure de la construction, décrit, outre la découpe du temps, la trajectoire du Soleil, de la Lune et des planètes par rapport aux étoiles et dans le cadre d’une description zodiacale. La partie inférieure est un calendrier valable jusqu’en 2123, où trône Chronos, le symbole du temps. L’horloge, très sophistiquée, fournit la lettre dominicale, le nombre d’or, le cycle solaire, l’épacte et l’indiction avec également les dates des fêtes mobiles.
La basilique Notre-Dame (Bazylika Mariacka) de Gdansk (Pologne) a été construite de 1343 à 1502. Dans le transept nord, se trouve une horloge astronomique très spectaculaire (Zegar Astronomiczny) qui mesure plus de 14 mètres de haut. Elle est divisée en trois parties. Le calendarium se trouve dans la partie inférieure ; il indique l’heure, la date et également le défilement du calendrier liturgique. Dans la partie centrale, le planétarium montre les phases de la lune, les signes zodiacaux et également les positions du Soleil et de la Lune par rapport à ceux-ci. La partie supérieure comporte, en rotation et sur deux niveaux, les douze apôtres, les quatre évangélistes et les rois mages ainsi qu’une allégorie de la mort munie d’une faux qui indique les heures. Enfin, Adam et Ève, debout sous l’Arbre de la Connaissance, font sonner les cloches. La construction de cette horloge, due à Hans Düringer, remonte à la seconde moitié du 15e siècle (1464 à 1470). Elle fonctionna jusqu’en 1553 avant sa remise en ordre en 1993.
L’horloge astronomique de Prague aurait été construite par Nicolas de Kadañ, en 1410, en collaboration avec Jan Sindel, professeur de mathématiques et d’astronomie à l’Université de Prague, remaniée par le maître Hanus (Jan Ruze) vers 1490 et, enfin, par Jan Táborsky au xvie siècle Dans la partie supérieure, on voit quatre allégories représentant respectivement la vanité (avec son miroir), l’avarice (commerçant juif), la mort (squelette avec une clochette) et la convoitise (prince turc avec une mandoline). Avant que l’heure ne sonne débute un spectacle qui rappelle le passage inéluctable du temps et de la vie. Le Christ et les douze apôtres entrent dans la ronde avec le coq chantant pour terminer la parade. Le cadran astronomique a la forme d’un astrolabe dont le fond représente la Terre et le ciel ainsi que l’ombre du Soleil. Sur le fond apparaît le cercle zodiacal, un cercle tournant externe et des modèles réduits du Soleil et de la Lune. Nous n’entrerons pas ici dans les détails du fonctionnement de cette horloge astronomique mais nous nous polariserons uniquement sur la partie inspirée du zodiaque. Au milieu de l’horloge tourne en effet un cercle illustré par les signes zodiacaux indiquant la position du Soleil sur l’écliptique. Le cercle zodiacal est divisé, à l’extérieur, en 72 parties égales qui correspondent chacune à environ cinq jours. Une étoile dorée est fixée à ce cercle et représente la position du point vernal par rapport au Soleil à la date considérée. Le temps sidéral (qui diffère du temps solaire par quatre minutes environ) est lisible sur l’échelle comportant des chiffres romains dorés. Sur cette horloge, au nombre des informations que l’on peut lire figurent les positions du Soleil et de la Lune dans le ciel, les phases lunaires, le signe zodiacal et le décan dans lequel on se trouve, l’heure locale, indiquée par la main dorée sur les chiffres romains, l’heure en douzièmes de jour, désignée par la position du Soleil sur les figures dorées, les heures tchèques anciennes (journées de vingt heures débutant au coucher du Soleil) que montre la main sur les chiffres gothiques et, enfin, le temps sidéral, indiqué par une petite étoile.