Bourse aux oiseaux
Bien SAN
SAN-003888
Bourse à relique contenant trois morceaux de bois emballés. Elle est taillée dans un samit façonné 2 lie 1. L'iconographie met en scène deux rapaces se faisant face couronnés d'un couvre chef.
Soie ocre clair ; soie beige, filé d’or;
hauteur 7 cm ; longueur 8cm ;
samit façonné 2 lie 1 à 2 lats, S-Z (registre central)-S ;
chaîne pièce : soie beige ; chaîne de liage : soie ocre ;
trame : soie ocre clair STA ;
trame supplémentaire lancée : filé or riant sur âme de soie ivoire ;
découpure chaîne : 2 fils pièce ; découpure trame : un passée.
Elle se présente comme un sac de soie ocre, à décor de filé d’or, et fermé par des cordons de soie verte tressés.
Elle est taillée dans un samit façonné 2 lie 1, ce qui désigne une production antérieure au 13e siècle. Le filé d’or lancé qui trace le décor est un procédé qui n’apparaît pas avant les 10e-11e siècles. Une première analyse technique réalisée par Françoise Pirenne et Daniel Dejonghe situe la pièce entre le 10e et le 13e siècle.
Le décor présente un groupe de motifs qui se répètent en un registre horizontal, replié sur lui-même pour constituer un petit sac. Les coutures latérales laissent deviner l’existence d’un registre supérieur et inférieur ornant la pièce originelle dans laquelle la bourse a été taillée et qui reprennent le même thème des oiseaux affrontés mais dans un environnement différent. Le changement de sens du sergé donne du rythme à la pièce.
L’iconographie met en scène deux rapaces disposés de part et d’autre d’un motif cordiforme orné d’une plantule inversée et surmonté de trois pastilles (fleurs ?) ; il pourrait s’agir du vase ou canthare qui apparaît parfois comme substitut de l’arbre de vie. Les têtes des oiseaux se détournent vers une forme circulaire (soleil ?) mise en évidence par l’espace qui l’entoure entre le dos des volatiles.
Ces oiseaux rappellent des aigles ou des faucons mais leur longue queue, les « mitres » qui surmontent leur tête les apparenteraient davantage à l’un ou l’autre oiseau merveilleux, issu de la mythologie ou de la symbolique religieuse orientale ; leur patte avant se tend vers une coupe au dessus de laquelle le canthare semble léviter ; leur longue queue touche à une sorte de support qui forme la transition avec le registre inférieur (cime d’un arbre de vie ?).
Le décor est dense mais harmonieux. Formes et figures animalières sont stylisées, presque réduites à leur substance géométrique mais sans sécheresse. Elles s’interpénètrent avec souplesse et élégance tout au long du registre. À intervalle régulier, l’équilibre, presque rigoureux, entre les espaces et le décor se modifie pour mettre en évidence l’élément solaire et le couronnement des oiseaux.
Puisant son origine dans les mythes et la religion perses, la représentation d’animaux affrontés, tantôt au sein d’un registre processionnel, tantôt à l’intérieur de médaillons, est un thème récurrent des soieries sassanides qui nous sont parvenues. Il sera repris par les Byzantins et poursuivi dans le monde musulman. La représentation animalière stylisée constitue en effet un compromis avec les recommandations religieuses de l’Islam et sa défiance à l’égard de l’image et de la représentation naturaliste. Il en est de même dans l’empire byzantin déchiré au 8e siècle par la crise iconoclaste.
À la fin du 9e siècle, le thème animalier, traité dans le style iranien, dans une composition de part et d’autre de l’arbre de vie, fait partie du répertoire favori tant à Byzance que dans le monde islamique, où il sera supplanté, au 14e siècle seulement, par le décor abstrait et géométrique. D’entre tous les animaux, le motif des oiseaux semble particulièrement prisé par la richesse de sa symbolique dont chaque civilisation favorise l’une ou l’autre interprétation.
Les premières analyses induisent Daniel Dejonghe à suggérer que la bourse aux oiseaux du Trésor d’Oignies pourrait avoir été tissée dans un atelier byzantin entre le 10e et le 11e siècle, une période qui vit s’épanouir dans le monde grec la mode des tissus à décor stylisé voire abstrait.
La subtile monochromie du fond, l’équilibre entre les espaces et le décor, la stylisation des formes évoquent assez le style d’une soierie byzantine, datée du 10e-11e siècle, conservée au Musée historique des tissus de Lyon et qui pourrait servir de point de comparaison.
Cependant, la bourse « aux oiseaux » du trésor d’Oignies présente un caractère narratif voire symbolique particulièrement appuyé ; le motif du canthare en tant que substitut de l’arbre de vie est rare mais il sera repris par l’Islam de même que le thème des oiseaux se tournant vers le soleil ; la coiffe qui surmonte leur tête et rappelle les tiares royales mésopotamiennes est, sauf avis contraire, inédite dans le décor des textiles. La stylisation des formes rapproche également cette soierie des productions d’Asie centrale mais elle n’en présente pas la raideur et le foisonnement coloré.
Par contre, un fragment de samit conservé au musée de Cluny, proposé comme originaire de Perse orientale et daté du 6e ou 7e siècle, présente des similitudes de technique et de graphisme avec notre bourse « aux oiseaux ».
Françoise Pirenne n’exclut pas l’hypothèse d’une production originaire de ces régions, peut-être même antérieure au 10e siècle.
Soie ocre clair ; soie beige, filé d’or;
hauteur 7 cm ; longueur 8cm ;
samit façonné 2 lie 1 à 2 lats, S-Z (registre central)-S ;
chaîne pièce : soie beige ; chaîne de liage : soie ocre ;
trame : soie ocre clair STA ;
trame supplémentaire lancée : filé or riant sur âme de soie ivoire ;
découpure chaîne : 2 fils pièce ; découpure trame : un passée.
Elle se présente comme un sac de soie ocre, à décor de filé d’or, et fermé par des cordons de soie verte tressés.
Elle est taillée dans un samit façonné 2 lie 1, ce qui désigne une production antérieure au 13e siècle. Le filé d’or lancé qui trace le décor est un procédé qui n’apparaît pas avant les 10e-11e siècles. Une première analyse technique réalisée par Françoise Pirenne et Daniel Dejonghe situe la pièce entre le 10e et le 13e siècle.
Le décor présente un groupe de motifs qui se répètent en un registre horizontal, replié sur lui-même pour constituer un petit sac. Les coutures latérales laissent deviner l’existence d’un registre supérieur et inférieur ornant la pièce originelle dans laquelle la bourse a été taillée et qui reprennent le même thème des oiseaux affrontés mais dans un environnement différent. Le changement de sens du sergé donne du rythme à la pièce.
L’iconographie met en scène deux rapaces disposés de part et d’autre d’un motif cordiforme orné d’une plantule inversée et surmonté de trois pastilles (fleurs ?) ; il pourrait s’agir du vase ou canthare qui apparaît parfois comme substitut de l’arbre de vie. Les têtes des oiseaux se détournent vers une forme circulaire (soleil ?) mise en évidence par l’espace qui l’entoure entre le dos des volatiles.
Ces oiseaux rappellent des aigles ou des faucons mais leur longue queue, les « mitres » qui surmontent leur tête les apparenteraient davantage à l’un ou l’autre oiseau merveilleux, issu de la mythologie ou de la symbolique religieuse orientale ; leur patte avant se tend vers une coupe au dessus de laquelle le canthare semble léviter ; leur longue queue touche à une sorte de support qui forme la transition avec le registre inférieur (cime d’un arbre de vie ?).
Le décor est dense mais harmonieux. Formes et figures animalières sont stylisées, presque réduites à leur substance géométrique mais sans sécheresse. Elles s’interpénètrent avec souplesse et élégance tout au long du registre. À intervalle régulier, l’équilibre, presque rigoureux, entre les espaces et le décor se modifie pour mettre en évidence l’élément solaire et le couronnement des oiseaux.
Puisant son origine dans les mythes et la religion perses, la représentation d’animaux affrontés, tantôt au sein d’un registre processionnel, tantôt à l’intérieur de médaillons, est un thème récurrent des soieries sassanides qui nous sont parvenues. Il sera repris par les Byzantins et poursuivi dans le monde musulman. La représentation animalière stylisée constitue en effet un compromis avec les recommandations religieuses de l’Islam et sa défiance à l’égard de l’image et de la représentation naturaliste. Il en est de même dans l’empire byzantin déchiré au 8e siècle par la crise iconoclaste.
À la fin du 9e siècle, le thème animalier, traité dans le style iranien, dans une composition de part et d’autre de l’arbre de vie, fait partie du répertoire favori tant à Byzance que dans le monde islamique, où il sera supplanté, au 14e siècle seulement, par le décor abstrait et géométrique. D’entre tous les animaux, le motif des oiseaux semble particulièrement prisé par la richesse de sa symbolique dont chaque civilisation favorise l’une ou l’autre interprétation.
Les premières analyses induisent Daniel Dejonghe à suggérer que la bourse aux oiseaux du Trésor d’Oignies pourrait avoir été tissée dans un atelier byzantin entre le 10e et le 11e siècle, une période qui vit s’épanouir dans le monde grec la mode des tissus à décor stylisé voire abstrait.
La subtile monochromie du fond, l’équilibre entre les espaces et le décor, la stylisation des formes évoquent assez le style d’une soierie byzantine, datée du 10e-11e siècle, conservée au Musée historique des tissus de Lyon et qui pourrait servir de point de comparaison.
Cependant, la bourse « aux oiseaux » du trésor d’Oignies présente un caractère narratif voire symbolique particulièrement appuyé ; le motif du canthare en tant que substitut de l’arbre de vie est rare mais il sera repris par l’Islam de même que le thème des oiseaux se tournant vers le soleil ; la coiffe qui surmonte leur tête et rappelle les tiares royales mésopotamiennes est, sauf avis contraire, inédite dans le décor des textiles. La stylisation des formes rapproche également cette soierie des productions d’Asie centrale mais elle n’en présente pas la raideur et le foisonnement coloré.
Par contre, un fragment de samit conservé au musée de Cluny, proposé comme originaire de Perse orientale et daté du 6e ou 7e siècle, présente des similitudes de technique et de graphisme avec notre bourse « aux oiseaux ».
Françoise Pirenne n’exclut pas l’hypothèse d’une production originaire de ces régions, peut-être même antérieure au 10e siècle.
