Retable de la Passion et l'Enfance du Christ dit Retable de Belvaux
Bien SAN
SAN-003964
Un modèle anversois paraît avoir été interprété avec une naïveté et une verve toute populaire. La polychromie primitive a gardé toute sa fraîcheur. Pour plus d'information, consulter les catalogues.
Parmi les retables et fragments de retables conservés au sein des collections de la Société archéologique de Namur, la pièce la plus remarquable est sans conteste le retable de Belvaux-sur-Lesse. Cet ensemble sculpté et polychromé devait siéger sur le maître-autel de cette petite chapelle mononef à chœur rectangulaire et chevet plat. Il a été acheté en 1855 par la Société archéologique de Namur.
Selon Robert Didier, il n’est pas impossible que le retable ait été réalisé à l’origine pour l’église Saint-Pierre de Wavreille. Malheureusement, les volets peints qui auraient pu contenir des indications pour déterminer sa provenance avaient déjà disparus avant 1855. Robert Didier pense que le retable aurait pu être donné à la modeste chapelle au moment de la reconstruction de l’église paroissiale en 1783.
Le principal intérêt du retable de Belvaux-sur-Lesse réside dans l’adéquation parfaite qui existe entre la qualité du retable et ses dimensions et la région, le public et les dimensions de l’église à laquelle il était destiné. Il copie, dans un format réduit et au travers d’un style rural propre, les grands modèles anversois à l’honneur au début du 16e siècle. Robert Didier pousse même la réflexion plus loin en considérant que le Maître de Waha et son atelier ont certainement dû copier un retable anversois, aujourd’hui disparu, qui devait se trouver en Famenne et qui témoigne du phénomène d’exportation d’œuvres stéréotypées fabriquées en série. Selon l’auteur : L’intérêt du retable réside dans la copie, révélant l’existence d’un retable disparu et qui relevait d’une production courante, dans le processus de l’altération formelle et stylistique de la copie et dans le fait que même dans une bourgade rurale, un artisan et son petit atelier ont exécuté des retables pour satisfaire des commandes essentiellement locales.
Le retable est divisé en 6 registres. Les trois compartiments inférieurs relèvent de l’Enfance du Christ : l’Annonciation, la Naissance avec l’Adoration des Bergers et l’Adoration des mages. Les trois compartiments supérieurs montrent le Portement de Croix, la Crucifixion et la Déposition. Quelques petites saynètes secondaires complètent l’ensemble. Sur les huit qui occupaient originellement les gorges du retable, seules quatre sont conservées. Il s’agit du Christ chez Anne, chez Caïphe, chez Pilate (volée), chez Hérode, Pilate se lave les mains, la Flagellation (volée), le Couronnement d’épines (volée) et l’Ecce Homo (volée).
Le style du retable reste volontairement gothique. L’artiste interprète le modèle en y intégrant son style propre mais en veillant à conserver le type en « T » inversé, la structure et l’ordonnance des compartiments, la composition, l’iconographie et même les détails comme les poses, les vêtements, le mobilier, les formes architecturales… L’artiste semble imperméable à l’évolution de la Renaissance à l’exception du détail des colonnes torsadées surmontées des effigies de sainte Catherine et de sainte Barbe. Toutefois, même si les liens sont nombreux avec le modèle originel perdu, le retable s’en éloigne dans l’interprétation. Sa sculpture, plus naïve, plus populaire se libère dans son exécution en introduisant des touches d’humour et une expressivité plus forte, voire caricaturale. La main de l’artiste se libère aussi dans la polychromie qui se caractérise par un apport décoratif essentiel et bien distinct des autres ateliers. Myriam Serck la caractérise comme suit : d’aspect très mat, cette polychromie présente un équilibre entre les effets dorés et argentés, elle garde même aujourd’hui après vieillissement, des tons purs, vifs et chatoyants. Les nombreux motifs en sgraffito sur argent, les décors sur papier, les ongles et les larmes bleues, et enfin le sang abondant frappent le visiteur et témoignent d’un expressionnisme populaire savoureux.
Le caractère exceptionnel du retable est encore souligné par Myriam Serck. L’état de conservation des sculptures est remarquable. C’est un des rares retables conservés en Wallonie qui présente sa polychromie originale, usée bien sûr et localement lacunaire mais non repeinte, non « trafiquée » par des retouches ou des interventions inadéquates. (…) La plupart des œuvres du Maître de Waha et de son atelier ont malheureusement perdu leur polychromie d’origine par vieillissement et par usure locale, par suppression volontaire (décapage jusqu’au bois) ou par addition de surpeints aux qualités variables. La polychromie originale quasi intacte du retable de Belvaux est donc pratiquement unique et elle mérite une attention toute particulière, nécessite contrôle et entretien réguliers.
L’étude réalisée lors de la restauration intégrale du retable par l’IRPA en 1971 a permis de mettre en avant toutes les particularités techniques liées à la fabrication du retable et aux méthodes mises en place par l’artiste et son atelier. Un marquage systématique par un système de lettres et de chiffres peints principalement en noir au dos de chaque pièce ainsi qu’une série de signes en rouge ont été découverts et sont spécifiques à ce retable. Il s’agit du seul exemple connu selon l’IRPA.
Toutes ces caractéristiques font de ce retable une pièce exceptionnelle et unique en son genre qui témoigne de la production d’un atelier issu du milieu rural mais ayant une parfaite connaissance des canons en vigueur à l’époque. Les caractéristiques stylistiques particulières témoignent du souci de l’artiste de toucher les fidèles et de leur permettre de s’approprier, voir de s’identifier, aux scènes représentées. L’état de conservation exceptionnel des sculptures et de la polychromie est également à souligner et mériterait, à lui seul, un classement, du fait de la rareté des polychromies originelles conservées pour le début du 16e siècle.
Parmi les retables et fragments de retables conservés au sein des collections de la Société archéologique de Namur, la pièce la plus remarquable est sans conteste le retable de Belvaux-sur-Lesse. Cet ensemble sculpté et polychromé devait siéger sur le maître-autel de cette petite chapelle mononef à chœur rectangulaire et chevet plat. Il a été acheté en 1855 par la Société archéologique de Namur.
Selon Robert Didier, il n’est pas impossible que le retable ait été réalisé à l’origine pour l’église Saint-Pierre de Wavreille. Malheureusement, les volets peints qui auraient pu contenir des indications pour déterminer sa provenance avaient déjà disparus avant 1855. Robert Didier pense que le retable aurait pu être donné à la modeste chapelle au moment de la reconstruction de l’église paroissiale en 1783.
Le principal intérêt du retable de Belvaux-sur-Lesse réside dans l’adéquation parfaite qui existe entre la qualité du retable et ses dimensions et la région, le public et les dimensions de l’église à laquelle il était destiné. Il copie, dans un format réduit et au travers d’un style rural propre, les grands modèles anversois à l’honneur au début du 16e siècle. Robert Didier pousse même la réflexion plus loin en considérant que le Maître de Waha et son atelier ont certainement dû copier un retable anversois, aujourd’hui disparu, qui devait se trouver en Famenne et qui témoigne du phénomène d’exportation d’œuvres stéréotypées fabriquées en série. Selon l’auteur : L’intérêt du retable réside dans la copie, révélant l’existence d’un retable disparu et qui relevait d’une production courante, dans le processus de l’altération formelle et stylistique de la copie et dans le fait que même dans une bourgade rurale, un artisan et son petit atelier ont exécuté des retables pour satisfaire des commandes essentiellement locales.
Le retable est divisé en 6 registres. Les trois compartiments inférieurs relèvent de l’Enfance du Christ : l’Annonciation, la Naissance avec l’Adoration des Bergers et l’Adoration des mages. Les trois compartiments supérieurs montrent le Portement de Croix, la Crucifixion et la Déposition. Quelques petites saynètes secondaires complètent l’ensemble. Sur les huit qui occupaient originellement les gorges du retable, seules quatre sont conservées. Il s’agit du Christ chez Anne, chez Caïphe, chez Pilate (volée), chez Hérode, Pilate se lave les mains, la Flagellation (volée), le Couronnement d’épines (volée) et l’Ecce Homo (volée).
Le style du retable reste volontairement gothique. L’artiste interprète le modèle en y intégrant son style propre mais en veillant à conserver le type en « T » inversé, la structure et l’ordonnance des compartiments, la composition, l’iconographie et même les détails comme les poses, les vêtements, le mobilier, les formes architecturales… L’artiste semble imperméable à l’évolution de la Renaissance à l’exception du détail des colonnes torsadées surmontées des effigies de sainte Catherine et de sainte Barbe. Toutefois, même si les liens sont nombreux avec le modèle originel perdu, le retable s’en éloigne dans l’interprétation. Sa sculpture, plus naïve, plus populaire se libère dans son exécution en introduisant des touches d’humour et une expressivité plus forte, voire caricaturale. La main de l’artiste se libère aussi dans la polychromie qui se caractérise par un apport décoratif essentiel et bien distinct des autres ateliers. Myriam Serck la caractérise comme suit : d’aspect très mat, cette polychromie présente un équilibre entre les effets dorés et argentés, elle garde même aujourd’hui après vieillissement, des tons purs, vifs et chatoyants. Les nombreux motifs en sgraffito sur argent, les décors sur papier, les ongles et les larmes bleues, et enfin le sang abondant frappent le visiteur et témoignent d’un expressionnisme populaire savoureux.
Le caractère exceptionnel du retable est encore souligné par Myriam Serck. L’état de conservation des sculptures est remarquable. C’est un des rares retables conservés en Wallonie qui présente sa polychromie originale, usée bien sûr et localement lacunaire mais non repeinte, non « trafiquée » par des retouches ou des interventions inadéquates. (…) La plupart des œuvres du Maître de Waha et de son atelier ont malheureusement perdu leur polychromie d’origine par vieillissement et par usure locale, par suppression volontaire (décapage jusqu’au bois) ou par addition de surpeints aux qualités variables. La polychromie originale quasi intacte du retable de Belvaux est donc pratiquement unique et elle mérite une attention toute particulière, nécessite contrôle et entretien réguliers.
L’étude réalisée lors de la restauration intégrale du retable par l’IRPA en 1971 a permis de mettre en avant toutes les particularités techniques liées à la fabrication du retable et aux méthodes mises en place par l’artiste et son atelier. Un marquage systématique par un système de lettres et de chiffres peints principalement en noir au dos de chaque pièce ainsi qu’une série de signes en rouge ont été découverts et sont spécifiques à ce retable. Il s’agit du seul exemple connu selon l’IRPA.
Toutes ces caractéristiques font de ce retable une pièce exceptionnelle et unique en son genre qui témoigne de la production d’un atelier issu du milieu rural mais ayant une parfaite connaissance des canons en vigueur à l’époque. Les caractéristiques stylistiques particulières témoignent du souci de l’artiste de toucher les fidèles et de leur permettre de s’approprier, voir de s’identifier, aux scènes représentées. L’état de conservation exceptionnel des sculptures et de la polychromie est également à souligner et mériterait, à lui seul, un classement, du fait de la rareté des polychromies originelles conservées pour le début du 16e siècle.